Tableau dosage bouillie bordelaise : comment bien l’utiliser ?

Chaque printemps, des milliers de jardiniers voient leurs tomates, pommes de terre ou arbres fruitiers attaqués par le mildiou, la tavelure ou la cloque. La bouillie bordelaise reste l’un des traitements préventifs les plus efficaces pour protéger vos cultures, mais son utilisation demande précision et méthode.

Qu’est-ce que la bouillie bordelaise et pourquoi l’utiliser au jardin ?

La bouillie bordelaise se compose d’un mélange de sulfate de cuivre et de chaux éteinte. Cette préparation de couleur bleu-vert agit comme un fongicide préventif contre les principales maladies cryptogamiques qui menacent vos plantations.

Son mode d’action repose sur le contact direct avec les spores fongiques. Le cuivre bloque leur germination et forme une barrière protectrice sur les feuilles et les tiges. Cette protection s’avère particulièrement efficace contre le mildiou des tomates, la tavelure des pommiers et la cloque du pêcher.

L’agriculture biologique autorise son usage, mais avec des restrictions strictes. La limite réglementaire actuelle est de 4 kg de cuivre métal par hectare et par an (soit 4g/m²/an) selon le règlement européen, avec dérogations possibles jusqu’à 6 kg/ha dans certains cas spécifiques. Cette limitation protège les sols de l’accumulation du métal, préserve les organismes aquatiques et maintient l’équilibre de votre écosystème jardin.

Attention cependant : la bouillie bordelaise n’agit que contre les champignons parasites. Elle reste totalement inefficace contre les insectes ravageurs comme les pucerons, les chenilles ou les doryphores.

Tableau dosage bouillie bordelaise selon les plantes et moments d’application

Les dosages varient considérablement selon le type de culture, la période d’application et la sensibilité de chaque plante aux maladies fongiques. Voici un récapitulatif précis des dosages recommandés pour vos principales cultures.

Type de planteDosage recommandéMoment d’applicationFréquence
Tomates10g/LDès les premières feuillesTous les 15 jours
Pommes de terre12g/LÀ partir de 15 cm de hauteurTous les 15 jours
Rosiers8g/LDès les premières feuillesMensuellement
Arbres fruitiers15g/LDébourrement, post-récolte3-4 fois/an
Vigne12g/LAvant et après floraisonTous les 15 jours en période humide
Pêchers15g/LChute des feuilles, bourgeonsMinimum 2 fois/an

Ces dosages correspondent à des moyennes optimales et doivent respecter les AMM spécifiques à chaque produit commercial (généralement 12,5 à 15g/L maximum) et les recommandations techniques régionales. Vous devrez les adapter selon l’intensité des attaques précédentes dans votre jardin et les conditions climatiques de votre région.

Calendrier d’application optimal de la bouillie bordelaise

Le timing d’application détermine en grande partie l’efficacité de votre traitement. Chaque culture possède ses périodes critiques où la protection devient indispensable.

Pour vos arbres fruitiers, planifiez trois moments clés. Traitez au stade « bouton rose » lors du débourrement, puis après la chute des pétales, et enfin à l’automne après la chute des feuilles. Cette stratégie protège efficacement pommiers, poiriers et pêchers contre leurs maladies spécifiques.

Les tomates et pommes de terre nécessitent une approche différente. Commencez dès que vos plants atteignent 15 à 20 centimètres de hauteur. Maintenez ensuite un intervalle de 15 jours entre chaque traitement, particulièrement pendant les périodes humides propices au développement du mildiou.

La vigne demande une surveillance particulière. Démarrez quand les pousses mesurent 5 à 10 centimètres, puis traitez avant et après la floraison. Si l’humidité persiste, continuez jusqu’à la véraison pour maintenir une protection optimale.

Évitez absolument de traiter par forte chaleur (plus de 25°C) ou par vent fort. Préférez les matinées calmes ou les soirées pour limiter les risques de phytotoxicité et améliorer l’adhérence du produit.

Matériel indispensable pour la préparation

Une préparation réussie nécessite un équipement adapté. Rassemblez un seau en plastique (jamais de métal qui réagirait avec le cuivre), un bâton pour mélanger, un pulvérisateur, une balance précise et votre équipement de protection.

Votre équipement de sécurité comprend des gants imperméables, des lunettes de protection et un masque. Le sulfate de cuivre peut irriter la peau et les muqueuses, ces protections ne sont pas optionnelles.

Étapes détaillées pour la préparation

  • Diluez la poudre dans un petit volume d’eau tiède pour faciliter la dissolution ;
  • Mélangez vigoureusement jusqu’à obtenir une pâte fluide sans grumeaux ;
  • Complétez progressivement le volume avec de l’eau en continuant de remuer ;
  • Ajoutez une cuillère à café de savon noir liquide pour améliorer l’adhérence ;
  • Pulvérisez immédiatement car la bouillie perd son efficacité une fois diluée.

La qualité de votre mélange détermine directement l’efficacité du traitement. Un mélange homogène garantit une répartition uniforme du cuivre sur vos plantes et évite les concentrations locales qui pourraient les brûler.

Précautions importantes pour la sécurité

Respectez scrupuleusement les distances de sécurité avec les points d’eau. Le cuivre présente une toxicité importante pour les organismes aquatiques, même à faibles doses.

Nettoyez soigneusement votre matériel après chaque utilisation. Les résidus de cuivre provoquent une corrosion rapide des métaux et peuvent contaminer vos prochaines préparations.

Stockez la poudre dans un endroit sec et hors de portée des enfants et des animaux domestiques. L’humidité dégrade le produit et réduit son efficacité.

Questions fréquentes sur l’utilisation de la bouillie bordelaise

Peut-on traiter des plantes en fleurs ?

Non, évitez absolument cette pratique. Le cuivre présente une toxicité reconnue pour les pollinisateurs, abeilles en tête. Programmez vos traitements avant la formation des boutons floraux ou attendez la fin de la floraison.

Cette précaution protège non seulement les insectes butineurs mais optimise aussi l’efficacité de votre traitement. Les fleurs captent moins bien le produit que le feuillage.

Quel délai avant récolte respecter ?

Le délai avant récolte varie selon les cultures : 21 jours pour les fruits à pépins, 15 jours pour les légumes-fruits, 21 jours minimum pour les légumes-feuilles selon les AMM en vigueur. Ce délai permet l’élimination des résidus de surface par les pluies et limite l’ingestion de cuivre.

Pour les légumes-feuilles comme les salades, les traitements cuivriques sont généralement interdits en période de récolte. Vérifiez impérativement l’AMM du produit utilisé. Leur surface foliaire importante retient davantage de résidus que les fruits à peau lisse.

Quels sont les signes de surdosage ?

Le jaunissement précoce des feuilles constitue le premier signal d’alarme. Ce symptôme s’accompagne souvent de brûlures marginales et d’un ralentissement visible de la croissance.

En cas de surdosage avéré, rincez abondamment le feuillage à l’eau claire et suspendez les traitements. Réduisez les doses pour les applications suivantes et surveillez la récupération de vos plantes.

La bouillie bordelaise est-elle vraiment écologique ?

Son autorisation en agriculture biologique ne signifie pas absence d’impact environnemental. Le cuivre s’accumule dans les sols et peut perturber la microfaune à long terme.

Utilisez-la avec modération en respectant la limite annuelle de 4 grammes par mètre carré. Cette approche raisonnée préserve l’efficacité du traitement tout en limitant son empreinte écologique.

Alternatives et pratiques complémentaires à la bouillie bordelaise

Méthodes naturelles pour prévenir les maladies fongiques

Les purins végétaux offrent des alternatives intéressantes pour renforcer vos défenses naturelles. Le purin d’ortie stimule la résistance des plantes tandis que la décoction de prêle apporte des propriétés antifongiques reconnues.

L’association de plantes crée des synergies protectrices. Le basilic planté près des tomates repousse certains parasites et améliore la circulation de l’air. Ces compagnonnages réduisent naturellement les risques d’infection.

Le bicarbonate de sodium, à raison d’une cuillère à soupe par litre d’eau avec quelques gouttes de savon noir, combat efficacement l’oïdium. Cette solution moins agressive convient parfaitement aux traitements d’appoint.

Techniques culturales durables

La rotation des cultures prévient l’accumulation des champignons pathogènes dans le sol. Évitez de replanter la même famille botanique au même endroit deux années consécutives.

L’espacement approprié entre vos plants favorise la circulation de l’air et réduit l’humidité favorable aux maladies fongiques. Un jardin aéré reste naturellement plus résistant aux infections.

Le choix de variétés résistantes constitue votre première ligne de défense. De nombreuses variétés modernes cumulent productivité et résistance naturelle aux principales maladies de leur espèce.

Une utilisation raisonnée pour un jardin sain et durable

La bouillie bordelaise reste un outil précieux dans l’arsenal du jardinier soucieux de protéger ses cultures. Son efficacité prouvée contre les maladies fongiques en fait un allié de choix, à condition de respecter scrupuleusement les dosages et les précautions d’usage.

Gardez à l’esprit son caractère préventif : agissez avant l’apparition des premiers symptômes. Une surveillance régulière de vos plantes et une application anticipée valent mieux qu’un traitement curatif souvent moins efficace.

Intégrez-la dans une approche globale combinant bonnes pratiques culturales, choix variétal judicieux et méthodes alternatives. Cette stratégie diversifiée réduit votre dépendance aux traitements chimiques tout en maintenant un niveau de protection optimal pour vos cultures.